Aujourd'hui je vais vous faire part d'un témoignage que j'ai entendu cette semaine et dont je trouve la teneur très intéressante, car elle suscite beaucoup d'interrogations.
Voici les propos de Sophie, jeune femme de 37 ans :
"Il faut savoir en fait que je travaille avec lui depuis 3 ans et que, par rapport au travail, par rapport à mon caractère, mon point de vue, etc..., lui et moi on ne s'entend pas. C'est
chien et chat, c'est physique, y-a un truc quoi !
Quand je suis dans l'ascenceur avec lui, il y a quelque chose qui ne passe pas entre nous, on le ressent tout à fait.
Et puis, il y a quelques temps, j'ai eu un souci de transport, et donc un midi au déjeuner, je fais le tour de tous mes collègues pour savoir qui peut me ramener chez moi, et en fait tout le
monde le désignait lui parce que c'est sur son chemin. Donc, vu qu'il y a du monde, il se sent obligé d'accepter, et moi ce jour là, je ne peux pas refuser. Pourtant c'est pas l'envie qui me
retient mais je peux pas refuser. Donc j'accepte qu'il me ramène chez moi.
Et donc, dans la voiture, il faisait chaud, il a mis la musique, et puis on a dû avoir 1/2 heure de trajet à peu près, pendant laquelle on ne s'est absolument pas parlé.
Sauf que je ne sais pas ce qui s'est passé, dans la voiture je le regardais comme ça, et puis d'un seul coup j'ai eu une pulsion que je suis incapable d'expliquer. Je commençais à le
déshabiller du regard, je commençais à avoir envie de savoir ce qu'il y avait sous sa chemise, je regardais la ceinture de son pantalon, et j'ai commencé à avoir chaud. Et je sais pas ce qui
s'est passé, j'ai commencé à avoir envie de lui, sexuellement,et je suis incapable d'expliquer pourquoi parce que je peux pas supporter cet homme. En plus, le comble du coup, c'est que lui il
restait calme, concentré. Il avait l'air de se rendre compte de rien ce qui fait qu'il m'énervait encore plus.
Et puis arrivés en bas de la maison, pour le remercier je me penche vers lui pour l'embrasser sur la joue, bon il à quand même fait l'effort. Et lui d'un seul coup, alors qu'il était
resté calme pendant 1/2 heure, d'un seul coup, il prend ma tête entre ses mains, il m'embrasse, il m'embrasse, il commence à me caresser les seins, à ouvrir mon chemisier, à me dire qu'il a envie
de moi. Moi j'ai tellement chaud que je ne demande que ça. Ce qui fait que voilà on a fait l'amour dans la voiture en bas de chez moi. C'étais vraiment très passionné. Ca a duré 10 minutes mais
c'était vraiment très très intense. Quand j'y repense, j'ai des bouffées de chaleur, je souris, c'est fou quoi !
Et alors, ce qui est quand même assez marrant, c'est que bon je rentre chez moi. Lui rentre chez lui. Le lendemain, on se revoit au travail. On n'en a jamais reparlé. Il ne m'a jamais ramené
à nouveau à la maison. Au travail on ne s'entend toujours pas lui et moi. Mais je dois avouer que quand je le vois, quand je le vois passer devant moi dans le couloir, ben il y a un petit
sourire.
Je comprends pas. On s'est encore parlé il y a deux jours, on n'est jamais d'accord sur rien. On ne s'entend pas, on ne s'aime pas.
Je compte bien sur la prochaine grève pour qu'il me ramène à nouveau..."
Alors autant vous le dire tout de suite, je ne suis pas fascinée par le fait que des collègues de travail fasse l'amour. C'est presque banal, non ?
En revanche pour moi faire l'amour renvoie au plaisir de partager un moment de complicité et de plaisir en harmonie avec son, sa ou ses partenaire.s Donc je pense que dans le cas présent,
le terme le plus juste serait "baiser".
Mais au delà de la
terminologie, l'idée d'avoir une relation intime avec une personne que l'on ne supporte pas renvoie inévitablement à la notion d'instinct animal, instinct qui subsiste en chacun de nous. On peut
aussi y voir une sorte de volonté de domination engendrée par la résistance agaçante de l'homme qu'elle a en fasse d'elle. Un adage dit que tenir les couilles d'un homme dans sa main, c'est tenir
l'homme tout entier dans sa main, car on peut le faire hurler de plaisir autant qu'on peut le faire mourir de douleur. Peut-être était-ce sa volonté inconsciente de posséder cet être, à la fois
si proche quotidiennement et si éloigné "affectivement".
Cette pulsion violente qu'elle décrit très bien, et qu'elle ne comprend toujours pas, met en lumière également tout ce qui constitue les éléments invisibles de la communication. Là encore, on
retombe dans des phénomènes largement connus et identifiés dans le règne animal, les plus connues étant les phéromones.
Ainsi le collègue en question devient très brutalement très entreprenant. Dans n'importe quelle autre situation, son comportement lui aurait donner le chaleureux droit de recevoir une bonne et
puissante gifle. Mais là non, car il sait, inconsciemment sans doute, qu'il va répondre à une attente, je dirais même plutôt à un désir.
En conclusion, je crois que l'on peux dire que l'homme ne se débarassera jamais de son instinct animal. Alors quand c'est source de violence, on ne peut que le déplorer, en revanche, quand c'est
source de plaisir...
Un volontaire pour me raccompagner ?
Prunella.